L’Italie menace de renvoyer des migrants en Libye

L’Italie a menacé de renvoyer en Libye près de 180 migrants qui ont été secourus en Méditerranée, si les autres pays européens refusent de les accueillir.

Le bateau garde-côte italien Diciotti, qui travaille dans le cadre de l’opération de sauvetage en Méditerranée de l’UE Frontex, s’est vu refuser l’entrée des ports italiens avec les 177 migrants qu’il avait secourus le 16 août.

L’Italie, affirmant que les migrants ont été secourus dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise, a demandé à Malte d’accueillir les migrants; mais Malte a refusé en soulignant que l’opération de sauvetage n’était pas sa responsabilité.  

Dans un communiqué, le premier ministre maltais Joseph Muscat a déclaré que lorsque le bateau est passé par la zone de recherche et de sauvetage maltaise, le bateau de migrants n’était pas en détresse et que les migrants ont refusé l’aide offerte par un navire de sauvetage militaire de Malte.

« Les migrants ont assuré qu’ils n’avaient pas besoin d’aide et qu’ils voulaient continuer en direction de leur destination finale, à savoir l’Italie. »

Muscat a dit que l’armée maltaise a continué à surveiller le bateau pour des raisons humanitaires lorsqu’il était en route vers l’Italie en haute mer.

Le ministre de l’intérieur de Malte Michael Farrugia a écrit sur Twitter que le Diciotti a délibérément embarqué les migrants à l’intérieur de la zone de recherche et de sauvetage maltaise « sans coordination avec les autorités du centre de coordination des opérations de sauvetage (CCOS), juste pour les empêcher de pénétrer dans les eaux italiennes. »

« L’interception d’un navire dans l’exercice de son droit à la liberté de navigation en haute mer n’est pas considérée comme un sauvetage, » a dit Farrugia.

« En ce moment, le navire se trouve sur le territoire italien, près de Lampedusa, » a dit Farrugia et il a ajouté que « la seule solution » pour les migrants secourus est que le navire soit amarré au port de Lampedusa, ou dans un autre port italien.

« Si l’Italie veut continuer à considérer ce cas comme un sauvetage, Lampedusa reste le port le plus proche où mettre à quai, » a dit Farrugia.

Suite à la réponse de Malte, le ministre des Transports italien Danilo Toninelli a salué le bilan de son pays en termes de sauvetage humanitaire et a demandé des sanctions contre Malte.

« Les actes du Diciotti montrent que l’Italie ne recule jamais quand il s’agit de sauver des vies, » a dit Toninelli sur Twitter.

« Le comportement de Malte est une fois de plus inexcusable et mérite des sanctions. »

« L’UE doit agir et ouvrir ses ports à la solidarité, sinon elle n’a aucune raison d’exister », a ajouté Toninelli.

Trois jours après le sauvetage, le ministre de l’intérieur Matteo Salvini a donné un ultimatum aux pays européens.

« Soit l’Europe décide sérieusement d’aider l’Italie en termes concrets, en commençant, par exemple, avec les 180 immigrants à bord du navire Diciotti, soit nous serons contraints de faire ce qui mettra fin une fois pour toutes au business des passeurs : renvoyer les personnes récupérées en mer jusqu’à un port libyen, » a menacé Salvini.

TMP, 20/09/2018

Crédit photo : Il Fatto Quotidiano. Légende de la photo : Le Diciotti, bateau de patrouille des garde-côtes italiens