“Chacun avait droit à quatre litres d’eau pour faire le voyage.” Ousmane, ancien migrant

En 2011, Ousmane jeune ouvrier vivait de petits métiers pour subvenir aux besoins de la famille.

Il explique : “Mon frère m’a parlé de l’option de l’immigration qui serait avantageuse pour toute la famille. Ma famille a ainsi réuni la somme de cinq millions de francs CFA (USD 8502) qui a été remise aux démarcheurs pour me faire un visa, sans succès. Nous avons fait une seconde tentative qui a encore été rejetée. En tout, nous avons dépensé des millions sans obtenir de visa” nous confie-t-il, sur un ton amer. 

Par la suite, un jeune du quartier lui a proposé l’option de la voie irrégulière moins coûteuse et qui lui permettrait de réaliser ce voyage vers l’Europe.

Ousmane est d’abord allé au Cameroun pendant plus de deux ans pour avoir une meilleure idée du voyage par la route et gagner plus d’argent. Après deux ans et six mois, il fit un bref retour au Mali pour se marier, puis ensuite retourna à Douala où il travailla dans une décharge de ferraille.

« Après ces huit mois loin de ma femme et de ma famille, le moment était venu pour moi d’aller en Europe pour y gagner plus d’argent et sortir ma famille de cette situation précaire » dit-il. 

Ils étaient 350 personnes à se rencontrer à Gao pour entreprendre le voyage. Le groupe prit alors la route pour se rendre en Algérie en passant par Gao, Kidal jusqu’à Tamanrasset en traversant le désert en voiture. Chacun avait juste droit à quatre litres d’eau et il fallait payer 125 000 francs CFA (212 USD) pour faire partie du voyage. Ils ont été débarqués à Tamanrasset en Algérie dans des foyers.

Pour Ousmane, la décision était de gagner un peu plus d’argent en Algérie avant de continuer le voyage par la mer. Durant cette période, une bagarre très violente éclata entre Algériens et étrangers résidents dans des foyers. Beaucoup de migrants  y ont perdu la vie. Ousmane s’est retrouvé à l’ambassade du Mali à Tamanrasset. « Les autorités maliennes nous ont demandé de rester à l’ambassade car c’était plus sûr. Nous y avons passé plus de deux mois  » raconte-t-il.

Le groupe a finalement été renvoyé par camion au Niger, Burkina et Mali. « Je suis revenu à Bamako. J’ai toujours gardé le contact avec ma famille et celle de mon épouse qui m’ont encouragé à retourner à la maison. » affirme Ousmane. 

Actuellement Ousmane a passé son permis de conduire pour être chauffeur de taxi et il vit au dépend de la grande famille. Il cherche encore le moyen de partir en Europe mais cette fois-ci par la voie régulière.     

TMP – 21/08/2019