Migration : femmes et enfants, les victimes les plus vulnérables

Le parcours migratoire est un parcours du combattant, en raison des énormes risques encourus par les migrants. Il est particulièrement éprouvant pour les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, qui peuvent plus rapidement souffrir de déshydratation, faim, ou fatigue, au cours du trajet. Ils sont également des proies faciles pour des passeurs ou d’autres acteurs, généralement des hommes, impliqués dans le parcours de la migration et dont ils peuvent vite devenir des victimes.

Ainsi, femmes et les enfants sont plus vulnérables face aux passeurs qui tentent souvent de les forcer à échanger des rapports sexuels contre des services, par exemple une place sur un bateau ou dans une voiture. Une récente étude de l’UNICEF montre que les femmes et les enfants qui ont accepté de payer les passeurs par répartition (lorsque le coût total du voyage est payé soit en route, soit à l’arrivée, à destination) finissent souvent endettés, avec un risque accru de mauvais traitement et d’être victimes de traite des êtres humains.

« Il y a des risques d’abus et de toutes formes de violences sur les femmes et les enfants lors du parcours migratoire. Ces violences physiques et morales basées sur le genre se traduisent par des abus sexuels ou de l’exploitation sexuelle, voire de traite de personnes ou d’esclavage sexuel. Ces violations ont des conséquences irréversibles sur la femme et l’enfant » explique Hamidou Manou Nabara, sociologue, président de l’ONG Jeunesse-Enfance-Migration et Développement (JMED) au Niger.

« Les auteurs de ces abus sont pourtant connus : ce sont les transporteurs et souvent les agents de forces de l’ordre qui ont la charge la sécurité des frontières » selon le sociologue.

« Il est temps de se lever contre ces violations des droits humains liées à la migration », ajoute Mariama Moussa, présidente de l’ONG SOS Femme et Enfant Victimes de Violence Familiale, à Niamey. « Il faut non seulement développer des approches qui visent à sanctionner les auteurs de ces abus mais aussi qui facilitent le mouvement migratoire c’est-à-dire des approches qui reconnaissent et expliquent la migration comme un droit humain ».

En effet, le droit international reconnaît aux migrants en situation irrégulière un certain nombre de droits, qui doivent être respectés, rappelle le Conseil de l’Europe sur sa page web. « Les enfants migrants représentent actuellement l’un des groupes les plus vulnérables d’Europe : beaucoup sont privés de tout accès aux soins de santé de  base et à l’éducation et courent le risque d’être exploités par des passeurs ou des trafiquants » dit Dunja Mijatović, Commissaire aux droits de l’homme, sur le site de l’institution européenne.

« C’est aux politiques qu’il revient de garantir la migration comme un droit humain », affirme pour sa part Ibrahim Diori, défenseur des droits de l’homme et membre de l’Association Alternative Espace Citoyen à Niamey.

Souvent, ces migrants plus vulnérables décident de partir sur la base de fausses informations,  données par les passeurs qui ont tendance à minimiser les risques du voyage, ainsi que sur des rumeurs sur leurs conditions de vie en Europe. Sans informations précises, les migrants irréguliers ont tendance à surestimer leurs chances de succès et à prendre des risques plus importants qui peuvent les mettre en danger, ainsi que leurs familles.

Interviewée par Le Projet Migrant, Amina Saminou Laouali, présidente du Réseau parlementaire en charge de lutte contre la migration irrégulière conclu ainsi, « tout migrant doit savoir que la migration est un processus qui a ses implications. Celles-ci tiennent au fait qu’il faut se renseigner, s’informer sur les conditions du voyage dans les pays de transit et de destination ».

TMP, 15/11/2018

Crédit photo: Issifou Djibo. Légende de la photo: un groupe de migrants, dont un enfant, à Agadez, Niger, peu avant leur départ pour l’Algérie.