Migration Maroc-Espagne : Ceuta et Melilla une frontière à haute tension

En 2018 l’Espagne est devenue la première porte d’entrée en Europe pour des milliers de migrants. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 61 000 personnes sont arrivées dans le pays cette année, notamment en provenance d’Afrique subsaharienne. Parmi elles, 6 235 ont réussi à passer la frontière, entre le Maroc et l’Espagne, par les enclaves de Ceuta et de Melilla.

Ces deux petites villes espagnoles sont les seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Union européenne. Après la fermeture des ports italiens en juin, et, le durcissement des conditions pour les migrants en Libye, elles sont devenues les chemins les plus convoités par les subsahariens souhaitant se rendre en Europe. Le gouvernement espagnol a admis en juillet dernier que son système de réception avait déjà atteint le point de saturation après le pic des arrivées de cet été, selon rapporte la RTBF.

Au cours des six derniers mois, les clôtures très sécurisées de Ceuta et de Melilla ont régulièrement été prises d’assaut par des migrants, qui tentent d’escalader les barrières, hautes de 6 mètres, couronnées de barbelés. Le passage en force se fait souvent dans la violence. Les migrants s’organisent en groupes, pouvant aller jusqu’à 600 personnes; ils jettent des excréments, de l’acide et de la chaux vive sur les gardes-frontières espagnols. Fin octobre, 200 migrants irréguliers ont ainsi réussi à passer du côté espagnol. L’opération a fait un mort et des dizaines de blessés.

Pour les migrants escalader les clôtures et leur seul espoir de pouvoir déposer une demande d’asile auprès de l’Espagne. Mais, suite aux nombreux incidents, les gouvernements espagnol et marocain ont renforcé les mesures pour lutter contre la migration irrégulière. La plupart des migrants qui réussissent à passer la frontière sont ainsi reconduits au Maroc. Parmi ceux arrêtés lors des incidents d’octobre, certains ont même été condamnés à des peines de prison et des amendes au Maroc.

Le pays nord-africain a, par ailleurs, récemment imposé de nouvelles restrictions d’entrée sur son territoire aux ressortissants du Mali, de Guinée Conakry et du Congo-Brazzaville. Ce sont justement les pays ayant le plus grand nombre de migrants irréguliers présents au Maroc.

De plus, l’Union européenne vient d’accorder 148 millions d’euros d’aide supplémentaire au Maroc, pour « lutter contre la migration irrégulière ». Dans un communiqué du 14 décembre, l’UE annonce que cette aide « contribuera à intensifier la lutte contre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains, dont un renforcement de la gestion intégrée des frontières ».

 

TMP 16/12/2018