L’Aquarius c’est fini
**Mise à jour le 9/12/18**
C’est désormais officiel. Après plusieurs mois immobilisé au port de Marseille, en attente d’un pavillon, l’Aquarius, ne reprendra plus ses opérations humanitaires. SOS Méditerranée et Médecins sans frontières ont annoncé le 6 décembre dernier « mettre fin aux opérations de recherche et de sauvetage » du navire qui a permis de sauver près de 30 000 migrants en Méditerranée.
Les deux organisations affirment que la décision fait suite à des multiples pressions politiques. Elles assurent également explorer d’autres options afin de pouvoir reprendre leur mission de sauvetage. « Nous refusons de rester à quai alors que des personnes continuent de mourir en mer, déclare Karline Kleijer sur un communiqué de MSF. Aussi longtemps que des gens souffriront en Libye, seront en détresse en mer, MSF cherchera des moyens de leur porter secours avec une aide médicale et humanitaire. »
« Sauver des vies en mer est et restera notre mission et, aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin du soutien de tous les citoyens qui croient encore en nos valeurs d’humanité en mer et désirent concourir à nos efforts pour trouver un nouveau navire et un nouveau pavillon. » a déclaré pour sa part Sophie Beau de SOS Méditerranée.
Après Gibraltar et le Panama, ce fut au tour de la Suisse, début décembre, de refuser le pavillon à l’Aquarius.
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L’Aquarius toujours bloqué à Marseille, chronologie des faits
29.11.2018
Après avoir secouru plus de 29 000 migrants en Méditerranée, entre février 2016 et août 2018, l’Aquarius reste toujours bloqué au port de Marseille, faute de pavillon. Le bateau humanitaire affrété par SOS Méditerranée, en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), s’est vu retirer son pavillon successivement par Gibraltar, puis par le Panama, aux cours des derniers mois.
Le 20 novembre dernier, la justice italienne a demandé sa mise sous séquestre invoquant le transport illicite de déchets toxiques. « Cette mesure grotesque est mise en œuvre dans l’unique but d’empêcher les actions médicales et humanitaires pour sauver des vies en mer en les criminalisant encore davantage », assure MSF sur un communiqué.
Tout débute en juillet dernier avec Gibraltar, où l’Aquarius avait été enregistré comme navire de recherche. Le territoire britannique demande alors à ce que ses activités de sauvetage, pour lesquelles il n’est pas enregistré, soient suspendues. La décision est justifié par le manque de place dans les ports italiens pour les bateaux de sauvetage, alors que Matteo Salvini, ministre italien de l’Intérieur décide de refuser l’accès aux navires humanitaires.
Ce sera ensuite au tour du Panama, où l’Aquarius avait temporairement trouvé un pavillon, de révoquer ce dernier pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » rapporte l’AFP. En réalité l’État d’Amérique centrale aurait subi des pressions des autorités italiennes.
« Cette révocation résulte de la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien et condamne des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants en fuite à rejoindre le cimetière marin qu’est devenu la Méditerranée », annonçaient alors SOS Méditerranée et MSF.
Face à cette décision, puis à l’attaque des locaux de SOS Méditerranée à Marseille, par des militants d’extrême droite, des manifestations de soutien ont lieu partout en Europe le 6 octobre dernier. Près de 40 000 personnes se mobilisent lors d’une « vague orange citoyenne », de la couleur des gilets de sauvetage portés en mer par les réfugiés.
L’organisation humanitaire lance par la suite une pétition pour demander à l’Europe d’octroyer un pavillon à l’Aquarius, lui permettant de reprendre les sauvetages en mer. Plus de 270 000 signatures ont déjà été récoltées.
Depuis, le bateau a obtenu un pavillon du Liberia, mais à condition de ne pas effectuer des sauvetages. « On est prêt à avoir n’importe quel bateau adapté, n’importe quel pavillon, pas forcément européen, ce que nous voulons, c’est retourner en mer pour sauver les gens qui fuient l’enfer de la Libye, naturellement en respectant toutes les règles. On ne lâchera pas » assure Francis Vallat, président de SOS Méditerranée, interviewé par Midi Libre.
Le 27 novembre SOS Méditerranée a lancé une nouvelle campagne de collecte de dons « autour des valeurs universelles d’humanité et de solidarité afin de soutenir et pérenniser son action ». En attendant, la Suisse étudie la possibilité de hisser son drapeau sur l’Aquarius. La décision du Conseil fédéral est attendue fin novembre.
TMP, 29/11/2018
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