Décès de migrants entre le Maroc et l’Espagne : le bilan s’alourdit
Les migrants choisissent des itinéraires de plus en plus dangereux et mettent leur vie en danger, tandis que les pays de l’Europe du Sud resserrent le contrôle des frontières en Méditerranée.
Suite aux efforts déployés par l’Union européenne et ses États membres pour bloquer leur flux, le nombre total de migrants arrivés en Europe par la mer continue de baisser. Plus de 108 000 personnes ont été enregistrées en 2018, contre presque 160 000 l’année dernière et de 348 591 en 2016. Malgré la nette diminution du nombre d’arrivées, au moins 2 133 migrants ont perdu la vie, en tentant la traversée de la Méditerranée, cette année.
Depuis que l’Italie a mis un frein aux traversées par la Méditerranée centrale, l’itinéraire entre le Maroc et l’Espagne est de plus en plus populaire auprès des migrants. Plus de 680 personnes sont mortes ou portées disparues sur cette route en 2018, un chiffre trois fois supérieur à l’ensemble de 2017.
« On observe en général un ralentissement sur ces itinéraires à cette période de l’année, ce n’est pas le cas en Espagne », a déclaré Joel Millman, le porte-parole de l’OIM, lors d’une conférence de presse fin novembre.
Millman a ajouté que les migrants utilisent des navires qui tiennent moins bien la mer qu’avant. Il a également indiqué qu’environ 24 migrants se sont noyés au large de la côte de Cadix, en Espagne, le mois dernier.
Le dernier incident s’est produit lorsqu’un bateau transportant plusieurs dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne s’est égaré en mer pendant quatre jours. Son moteur était tombé en panne entre le Maroc et l’Espagne. Le 24 novembre, la marine marocaine a trouvé « 15 cadavres » à bord du bateau aux côtés de survivants, a révélé l’AFP. Les 53 survivants, dont 8 femmes, ont été emmenés dans la ville côtière de Nador, au nord-est du Maroc.
Même si les migrants trouvent de plus en plus difficile d’atteindre l’Europe et que le nombre de migrants arrivant sur le continent a diminué au cours des deux dernières années, des pays comme l’Italie gardent une position très stricte en ce qui concerne l’immigration irrégulière.
Récemment, des procureurs siciliens ont demandé la saisie de l’Aquarius, un navire de sauvetage de migrants utilisé par Médecins Sans Frontières (MSF) et SOS Méditerranée. MSF est accusée d’avoir illégalement jeté 24 tonnes de déchets potentiellement dangereux dans 11 ports italiens sur une période de deux ans et demi.
« Après deux ans de diffamation et d’attaques sans fondement nous accusant de complicité avec des trafiquants d’êtres humains, d’enquêtes judiciaires et d’obstacles administratifs de toutes sortes pour entraver notre mission humanitaire, nous sommes désormais accusés de crime organisé qui viserait au trafic illicite de déchets ! », a déclaré Karline Kleijer, responsable des urgences chez MSF.
Le 6 décembre dernier SOS Méditerranée et MSF ont annoncé mettre fin définitivement aux opérations de recherche et de sauvetage du navire, qui a permis de sauver près de 30 000 migrants en Méditerranée.
Le Parlement italien a récemment voté une nouvelle loi durcissant sa politique d’immigration. Le « décret Salvini », rapporte Le Figaro, supprime les permis de séjour humanitaires actuellement octroyés à 25% des demandeurs d’asile ; il généralise l’utilisation des pistolets électriques et réorganise le système d’accueil des demandeurs d’asile. Ces derniers, jusqu’à présent libres de leurs mouvements après identification, seront internés pendant 30 jours dans des « hotposts ».
TMP, 26/12/2018
Photo : Détroit de Gibraltar/Shutterstock. Des migrants sur un bateau à moteur implorent l’aide d’un navire de croisière.
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