Risques physiques

Les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe au départ du Mali par de  nombreuses et dangereuses façons  les rendent vulnérables et les exposent à des risques physiques. Les passeurs font souvent croire aux migrants que le voyage vers l’Europe sera sûr et facile, mais en réalité il présente de graves risques d’abus et d’exploitation pour les migrants.


En essayant d’atteindre l’Europe, les migrants sont généralement embarqués dans des véhicules qui ne sont pas bien équipés pour effectuer la difficile traversée du désert du Sahara. Sur les parties terrestres du parcours, beaucoup étouffent, sont asphyxiés par des gaz d’échappement, ou sont abandonnés avec les véhicules en panne dans le désert avant la fin du voyage. S’ils arrivent à atteindre une des zones côtières, les migrants irréguliers n’ont pas d’autre choix que de payer des prix très élevés pour traverser la mer Méditerranée sur des bateaux surchargés et impropres à la navigation. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 2 300 migrants sont morts en essayant d’atteindre les côtes de l’Europe en 2018, la plupart par noyade dans la mer Méditerranée. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1 283 migrants sont morts dans la mer Méditerranée en essayant d’atteindre les côtes de l’Europe; en 2019,  la plupart par noyade 

Les migrants sont souvent exploités et maltraités par les passeurs pendant leur voyage vers l’Europe, le plus souvent en Libye. Les passeurs exigent souvent des sommes d’argent supplémentaires pour chaque étape du voyage. Si les migrants n’ont plus d’argent, ils peuvent être forcés à travailler comme esclaves pour payer les passeurs. Les hommes sont généralement tenus de faire un travail manuel forcé et les femmes et les filles sont souvent contraintes à travailler comme prostituées.

Les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe au départ du Mali doivent traverser le désert du Sahara. Le Sahara est une région immense et en grande partie non contrôlée, où de nombreux gangs de criminels et de bandits attaquent et enlèvent souvent des migrants ou prennent leur argent et leurs biens.

Le voyage à travers le désert peut prendre des semaines. Le terrain est difficile, et les températures sont si élevées pendant la journée que les voitures tombent parfois en panne. Lorsqu’un véhicule tombe en panne ou que le conducteur se perd, les migrants peuvent mourir de faim, de soif ou de chaleur. Pour maximiser les profits, les passeurs ont tendance à entasser autant de migrants que possible dans leurs véhicules, rendant les conditions encore plus dangereuses.

Les migrants déclarent régulièrement avoir vu des morts sur le chemin dans le désert, et de nombreux rapports officiels indiquent que des centaines de cadavres ont été trouvés dans le Sahara. Il y a probablement plus de migrants irréguliers qui meurent dans le désert du Sahara qu’en mer Méditerranée.

Traverser la partie nigérienne du désert du Sahara prend environ quatre jours. Les migrants sont exposés à de nombreux risques pendant la traversée, y compris d’être abandonnés dans le désert par les passeurs. Depuis la mise en application d’une loi contre le trafic des personnes au Niger en 2016 qui criminalise le transport de migrants, il est devenu plus difficile de traverser le désert du Sahara au Niger, comme les forces de l’ordre luttent contre les passeurs. Les passeurs empruntent également des itinéraires plus dangereux pour éviter les forces de l’ordre, ou débarquent les migrants en cas de présence policière dans la région.

Traverser l’Algérie est très dangereux. L’Algérie a une loi criminalisant l’immigration irrégulière. En cas de culpabilité, les migrants peuvent faire jusqu’à cinq ans de prison. Plus de 3 100 personnes ont été expulsées de l’Algérie au Mali en 2018 et abandonnées dans des zones du désert contrôlées par des groupes armés.

Même si elles n’arrêtent pas les migrants, des rapports ont révélé qu’entre 2017 et 2018 les autorités algériennes ont régulièrement abandonné des migrants d’Afrique subsaharienne dans le Sahara. Les migrants devaient marcher de longues distances sous une chaleur torride pour se mettre en sécurité, trouver un abri, de la nourriture et de l’eau.

Des migrants d’Afrique subsaharienne de différentes nationalités ont signalé que les autorités algériennes ont fait des descentes dans les zones du pays où vivent les migrants. Les migrants ont été arrêtés dans la rue ou sur des chantiers de construction et ont été expulsés en masse à la frontière avec le Niger ou le Mali, dans la plupart des cas sans nourriture et avec peu d’eau. Ces migrants ont indiqué avoir été forcés à marcher des dizaines de kilomètres dans le désert, à des températures élevées, avant d’atteindre les villes où ils ont trouvé de l’aide ou des transports privés.

La Libye est un État très instable sans gouvernement unique reconnu. Les groupes de miliciens kidnappent souvent les migrants et les gardent en otage. Il est courant pour les milices de torturer leurs otages et d’exiger une rançon de leur famille dans leur pays d’origine. Les migrants irréguliers en Libye sont extrêmement vulnérables et de nombreuses sources ont désormais établi que les migrants courent le risque d’être enlevés, torturés, réduits en esclavage, violés et assassinés en Libye.

De nombreux migrants disent qu’ils avaient sous-estimé les difficultés qu’ils auraient à affronter en Libye et que la traversée du désert du Sahara en Libye avait constitué la partie la plus difficile du voyage. Les recherches sur l’expérience des migrants ouest-africains en Libye ont révélées que plus de la moitié d’entre eux avaient subi des agressions physiques. Dans un rapport d’Oxfam, 30 des 31 femmes interrogées en Libye ont déclaré avoir été violées.

En 2018, il y avait plus de 600 000 migrants en Libye. Plus de 9 000 migrants étaient détenus dans des centres de détention officiels, tandis que des milliers d’autres étaient détenus par des groupes armés dans des centres non officiels, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

L’Espagne a été la première destination pour les migrants irréguliers en 2018, la plupart arrivant par la mer Méditerranée via le Maroc. Selon l’OIM plus de migrants irréguliers sont arrivés dans le pays par la Méditerranée en 2018 qu’en 2015, 2016 et 2017 combinés. Les autorités locales ne sont pas équipées pour faire face à l’afflux de migrants et de nombreux migrants finissent par rester dans des centres surpeuplés.

Depuis juillet 2018, les autorités marocaines ont fait des descentes dans les quartiers où vivent un grand nombre de migrants dans tout le pays. Un rapport publié par Amnesty International explique que près de 5 000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces descentes depuis juillet 2018, entassées dans des autobus et abandonnées dans des zones isolées près de la frontière algérienne ou dans le sud du pays, selon l’Association Marocaine des droits humains (AMDH).

Pour essayer d’éviter la dangereuse traversée entre le Maroc et l’Europe continentale, les migrants sont de plus en plus tentés de sauter la clôture étroitement gardée de Ceuta à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. De nombreux migrants ont été blessés par les clôtures en fil barbelé.

Même si les migrants arrivent à passer au-dessus de la barrière qui sépare le Maroc de l’Espagne, il est possible qu’ils soient renvoyées directement par les autorités espagnoles. Il y a eu des rapports sur des migrants renvoyés au Maroc très rapidement après leur entrée forcée en Espagne.

Selon l’OIM, au moins 2 297 personnes sont mortes en mer Méditerranée ou disparues lors de tentatives pour rejoindre l’Europe en 2018. Les passeurs mentent souvent sur la durée du voyage et sur l’état et l’adéquation des bateaux de migrants. Les passeurs entassent souvent les migrants sur bateaux surchargés qui risquent de couler.

Depuis le renforcement de la garde côtière libyenne, les migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée irrégulièrement sont plus susceptibles d’être interceptés et renvoyés vers la Libye par les autorités. En 2018, au moins 10 000 personnes ont été interceptées par les garde-côtes libyens et envoyées dans des centres de détention. Human Rights Watch signale que les détenus de ces camps sont enfermés indéfiniment, sans contrôle judiciaire, et exposés à des graves risques d’abus, y compris de torture, de manque de nourriture et de soins médicaux, de travail forcé, d’extorsion et de violences sexuelles.

Les patrouilles maritimes pour la recherche et le sauvetage de l’UE ont été annulées depuis début 2019. L’Italie a refusé d’accepter les personnes venant de navires de recherche et de sauvetage depuis juin 2018. Malte a également refusé d’accepter les navires transportant des migrants.

La plupart des organismes humanitaires qui effectuaient les opérations de recherche et de sauvetage dans la région ont été contraints de quitter les eaux. Cela signifie qu’il y a eu une réduction importante de navires disponibles pour secourir les bateaux de migrants en difficulté. Cela rend les migrants qui tentent cette traversée encore plus vulnérables.

La traversée du Maroc à l’Espagne est aussi extrêmement dangereuse. Selon le Projet migrants disparus de l’OIM, plus de 800 personnes sont mortes en essayant d’atteindre l’Espagne par bateau en 2018.

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